Crépage de chignon

Il faut quand même que je lui dise un grand merci : avoir publié un article de Gourvil trouvé dans la Resistance m’a ouvert une autre image et m’a aussi démenti. En effet, je vous avais écrit que Petitcolas n’avait plus , après son mariage, provoqué ses confrères. Et bien c’était faux.

En février 1926, commence une polémique entre Gourvil et lui.

Gourvil est à ce moment libraire et papetier dans le centre de Morlaix mais aussi grand défenseur de la culture bretonne. Et de plus, il est à la Chambre de commerce de la ville et au Syndicat d’Initiative.

Les deux ne devaient pas bien s’entendre, à preuve la transcription de ses notes de voyage lors d’une tournée du Finistère offerte à nombre de journalistes français et étrangers pour la promotion du tourisme dans cette partie de la Bretagne et qui a lieu , justement en juin 1923.

La querelle débute sur le prix du gaz et comment les commerçants font payer son augmentation aux consommateurs. Petitcolas les accusent d’en profiter et Gourvil, commerçant, à qui La Résistance ouvre ses colonnes lui répond avec vivacité.

De semaine en semaine, le ton monte . Ils s’envoient à travers les lignes, une bordée d’arguments où le fiel coule comme le cidre dans les bolées des bretons, c’est à dire, à flot continu.

Il faut vous remettre en tête que l’un, Petitcolas est un républicain farouche et l’autre, Gourvil, un catholique, on dirait ultra.

Tout ça, au niveau de la pensée, n’est pas bien reluisant . C’est le ras des paquerettes . Par contre, pour le style d’écriture, on peut dire chapeau. Un véritable régal. Même si bien des choses nous échappent, on n’a plus ce niveau de culture. Je parle pour moi, bien entendu. D’autant que je ne sais pas trois mots de breton.

Bon. Mais voilà. Ça nous éclaire. En effet, du coup je suis revenu à la lettre que Gourvil écrivait à Bellemare, si judicieusement découverte par notre historien du bagne et de l’Algérie et généreusement publiée par notre blogeuse-chèfe. Dans son style, toujours aussi parfait, il dit à ce niais de Bellemare que Seznec est coupable et qu’il n’y a pas à en discuter. Justice a été rendue. Et bien rendue. Et, de plus, il en a parlé à son copain , l’ancien magistrat, un qui connaissait bien le dossier ( Cavellat,celui qui faisait de si chouettes crobards à l’aquarelle ?) et que... , et que... et que …..

Tout ce blabla ce m’avait  paru suspect. Comme son résumé de la biographie de Quéméneur, particulièrement l’épisode de la non-consommation avec une pute payée par les copains …. là, c’était trop gras.

Et bien oui, Gourvil, dès juin 1923, il était prédisposé à ne pas juger Seznec en toute sérénité. Pensez, le beauf de ce crétin de Petitcolas "qui n’a que deux mots à nous dire"…

Ben moi aussi, les enfants, je n’étais pas prédisposé à juger Gourvil en toute sérénité . J’ai relu d’un peu plus près sa bio et donc , c’est lui qui a fait une thèse pour dire qu’Hersart de la Villemarqué il avait tout inventé dans son Barzaz Breiz. Et moi qui avait tant de considération pour votre arrière-arrière-petit cousin. Mais non, je vous rassure, Gourvil s’est trompé et il l’aurait même reconnu. Alors, un mec qui fait une thèse comme ça ….

Gourvil et Lajat ? Lajat n’était plus à La Résistance quand Gourvil y intervient. Gourvil était chanteur, de chants bretons et Lajat, sur la fin, spécialiste de la musique bretonne .Ils se connaissaient, c’est évidant. Mais des amis ? Je n’ai rien trouvé. En tout cas, pour Lajat, c’est bien la marque d’une très grande honnêteté, d’avoir témoigné, quitte à foutre une merde pas possible dans le mouvement des bretons en lutte.

Et Petitcolas ? Je n’arrive toujours à le cerner.

Quand je vous disais c’est quoi ce divorce Gadal-Seznec, peut-être m’avez vous mal compris. Ce n’était pas pour mettre un doute sur la réalité du divorce, mais pour comprendre ce qui avait pu se passer entre mari et femme dans un contexte catholique et breton à une époque où ce n’était pas chose courante. Et , pareillement, c’est quoi ce remariage, c’est quoi ce vivre sous le même toit, c’est quoi ce quasi – abandon de Marie Jeanne, une fois les biens du couple bradés et c’est quoi ce refuge bien près de grotte de Lourdes ?

Vous, vous avez une idée ?

Comme vous êtes sages cet an dernier, vous aurez une image, une super aquarelle de Pierre Cavellat, le magistrat qui savait si bien dessiner.