Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 15:02

 Pour suivre les supputations de Denis Seznec, il aurait donc suffit de déchiffrer les traces des trois sous-secrétaires d’état à la liquidation des stocks. En tout cas c’est ce que j’avais cru comprendre.

 

Donc je me penche sur ce passé qui manque de références. Et pourtant, en grattant les strates d’une Histoire peu étudiée, je trouve quelques petits trucs que je vous livre.

 

Le premier, Paul Morel, un radical de gauche qui était dans la mouvance de

Clemenceau. C’est lui que la France chargea du beau négoce avec les américains en ce qui concerne les stocks. 

 

Paul Morel était un avocat. Il avait défendu, entre autres, la veuve de Miguel Almereyda (anagramme de la merde est là ), anarchiste inscrit au Carnet B, donc mis en tant que tel dans une prison durant les débuts de la guerre. En 1917, on le retrouva mort dans sa cellule. Assassinat politique ? La question reste encore en suspend. Almereyda avait un fils que vous connaissez pour peu que vous fréquentiez les salles obscures des Cinéclubs , un certain Jean Vigo.

Morel fut plusieurs fois sous secrétaire d’Etat et c’est lui qui fut le premier à occuper le poste en charge de la liquidation des Stocks de Février à novembre 1919. Mais il ne progressa jamais très loin dans la hiérarchie politique. Il avait une passion pour sa ville, Vesoul dont il occupa le siège de maire jusqu’à sa mort, par accident. En effet le 23 décembre 1933, le rapide Paris-Strasbourg heurte un autre convois en fin de soirée et la catastrophe fait 230 morts. Parmi eux, il y a Paul Morel. Une fausse rumeur qui courut après veut que Stavisky aurait envoyé Bonny placer ses propres papiers d’identité sur un cadavre du train afin de faire croire à sa mort. Cette rumeur courre encore, mais à l’origine, elle é

mane d’un personnage pas très recommandable et ne semble pas tenir debout. Comme quoi, le monde politique est toujours aussi petit. Je vous dirai pourquoi un peu plus tard. Faut bien faire un peu de suspens.

 

Bon. En tout cas le brave Morel ne fut pas connu pour des amitiés politiques louches ou des compromissions obscures et encore moins pour un train fastueux (retenez vous de tout allusion à sa mort, je ne vous le pardonnerai pas !).  Même Maurras ou Daudet n’ont rien à lui reprocher.

 

Tant qu’à éliminer le plus respectable des sous secrétaires aux Stocks, je passe tout de suite à Emmanuel Brousse, le dernier ayant occupé le poste, de 1920 à 1921. C’était un publiciste, directeur du journal des Pyrénées-Orientales, l’Indépendant . Député, il avait défendu la révolte des vignerons en 1907. Durant son sous-secrétariat, il se fit des ennemis dans la Presse en retirant l’accréditation à des journaleux qui bouffaient à beaucoup de râteliers.  Sa ville natale, Cabannas, lui dédia un monument commémoratif où est rappelé son dévouement et la pauvreté dans la quelle s’acheva son existence. Son fils, paya de sa vie le même idéal républicain : il mourut à Auschwitz en 1944.

 

 

Le troisième, c’est Yves Le Trocquer

Si vous connaissez déjà le nom d’Yves Le Trocquer , c’est parce que vous l’avez lu sur le côté d’un ou de plusieurs monuments aux morts : en effet il en présida souvent l’inauguration en qualité de ministre des Travaux Publics, surtout en Bretagne où il était député des Côtes-du-Nord (et oui, = Côtes d’Armor maintenant).

 

C’est l’enfant du pays le plus célèbre de Pontrieux.


 
Ingénieur des Mines, il s’intéressa particulièrement au développement des Chemins de Fer et la modernisation du réseau peut être considérée comme son œuvre. Mais aussi des canaux , des ports.

 

Il fit partie des premiers Européens convaincus qui prêchèrent pour une union douanière.

 

Tout à fait objectivement, Quémeneur pouvait le connaître puisque Traou Nez n’est pas loin de Pontrieux. Mais ça s’arrête là : il n’y aucune preuve.

 

Par ailleurs, Le Trocquer ne fit jamais l’objet d’une quelconque attaque politique ni de la part de la « bande » Maurras-Daudet ni de la presse torchon. Il apparaît comme un technicien respecté qui, lui, faisait avancer les choses. Il fut l’un des seuls ministre de l’entre-deux guerres à garder son poste plus de quatre ans

 

Il fut assez discret dans sa vie à tel point qu’on trouve peu de détails biographiques ( si ce n’est dans un livre de Kessel et Suares que je n’ai pas lu, faute de le trouver) le concernant. Et cela malgré une activité immense dont on trouve les traces dans la presse parlementaire.

 

On confond parfois Yves Le Trocquer et André Le Troquer qui sont sans parenté. Beaucoup d’écrivaillons ne semblent même pas s’apercevoir que l’orthographe des noms n’est pas la même et donc, dans la précipitation de pisser de la copie, leur donnent des liens familiaux totalement inventés.

 

C’est donc faire choux blanc que de se pencher sur ces trois personnages pour trouver le pourri qui voulait dissimuler les tenants et aboutissants du trafic des cadillac.

 

Notez quand même que je ne ferme pas la porte : je voudrais bien changer d’avis quand on m’apportera une preuve concrète, incontestable que l’un d’entre eux aurait couvert, moyennant quelques avantages pécunieux, ou d’un autre ordre, une bande de zoniers qui aurait fourgués des torpédos à bout de souffle à des services secrets bolcheviques. Quant à l’idée que cela transitait par la Croix Rouge Américaine, c’est de la pure rigolade digne d’un James Bond avant la lettre d’autant que les dates ne collent même pas.

A l’opposé, j’ai trouvé deux choses : les soviétiques ont très rapidement pris contact avec Mercedes pour se fournir en voitures et les armées blanches, qui, elles, recevaient du matériel de France, avaient un service d’intendance si corrompu qu’il avait la fâcheuse tendance à revendre son matériel aux Rouges…Alors, la cadillac de Dzerjinski, c’est loin d’être une preuve.

 

Première conclusion donc : c’est pas là qu’il faut chercher et ceux qui nous ont amenés sur cette piste sont ou des charlots ou des mythos.

 

Il est vrai que ….

 

Il est vrai qu’une autre version, de même source, parle, en grand mystère, de Chautemps….

 

Mais que n’a-t-on pas prêté à Chautemps ?

 

A bientôt, les enfants. Au fait, si vous voulez plus de photos, dites le moi.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
Merci de ces éclaircissements au sujet des trois frères (sans points ?)du sous-secrétariat d'état...... Alors, maintenant, je vous attends sur Chautemps, Camille, pas Emile bien sûr, car faute d'y avoir cru, moi aussi je suis imbattable (recherches France USA Savoie comprises). Frottements de dossiers en perspective ? Quelle joie de pouvoir enfin mettre les points sur les i. Mais le véritable bottin politico-mondain de la IIIe République est en fait un jeune avocat argentin qui me semble brillantissime. La compétition est ouverte. Quand vous voulez...
Répondre

Présentation

  • : Affaire de cadillac
  • : Histoire d'y voire un peu plus claire dans la disparition de Pierre Quemeneur et dans la condamnation de Guillaume Seznec
  • Contact

Recherche

Liens