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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 16:07

J'en connais un, il interrogeait Sainte Thérèse ( de Lisieu, la petite ), son pote, c'était plutôt les astres. Et d'autres , c'était « et combien ça va me rapporter ? » qui leur servait d'inspiration et de méthode.

 

Et bien là, c'est Saint Pierre qui a éclairé ma lanterne.

 

Et vous me connaissez bien les enfants, quelques fois, je ne peux pas m'en empêcher...

 

Et puis essayez de me dire que ça vaut pas....

 

-Bonjour, Grand Saint-Pierre.

Je suis Pierre Quéméneur, négociant, Conseiller général de Sizun.

 

-Oui, et alors ?

Moi, vous savez, les types qui viennent me la faire, parce qu'ils s’appellent Pierre, comme moi...

J'ai la tête à me faire avoir ?

Dites ?

Non, hen ?

Bon, alors, c'est quoi, votre affaire ?

 

- Je ne sais pas. Tout à l'heure, j’étais un bien vivant, et là, je suis un bien mort.

J'ai pas compris ce qui m'est arrivé. J'ai glissé, le pieds m'a manqué. Et puis , ce coups sur la tête. Et le grand noir.

C'est quoi ça ? C'est du définitif ?

 

- Peut-être, ou peut-être pas.

D'abord, vous y croyez, vous au Paradis, au Bon Dieu, à la Sainte Vierge et à tout le Saint-frusquin ?

 

-Ben, c'est-à-dire que je suis breton...

 

-Bon, alors vous êtes dans le bon tunnel . Le Paradis, c'est par là, derrière la porte.

Mais avant que je vous ouvre, il va falloir me la raconter, et pas de boniment, j'ai pas que ça à faire

 

-Vous raconter quoi ?

 

-Mais votre affaire, pardi. On ne crève pas comme ça, à votre âge, sans qu'on vous y ait poussé. Un petit coup, dans le dos ? En loucedé, peut-être même ?

Allez, un effort.

C'est qui la dernière personne que vous avez vu et qui est encore dans votre tête ?

 

-Marie Jeanne

 

-Et bien, vous voyez ! Allez, racontez. Marie Jeanne, cétait qui ? Votre copine ?

 

-Maie Jeanne ? Oh non, pas ma copine . Mieux que ça, une amie. Mais si je ne vais pas au début, vous allez rien comprendre.

 

-Vous gênez pas, j'ai toute l'éternité.

 

-Depuis quelques temps, j'avais des difficultés, un de mes clients, qui me devait pas mal d'argent, avait fait faillite, enfin une de ces faillite de circonstance. Et comme je voulais récupérer mon dû , j'avais lancé une plainte contre lui . Bon, mais en attendant , je n'avais plus grand chose, côté trésorerie, . Pas d'autres affaires intéressantes qui aurait pu me soutenir pendant cette mauvaise passe. En plus, les anglais, ils commençaient à se fournir ailleurs . Et encore en plus, je n'avais pas grand chose en réserve de bois. A Traou Nez, ça s'épuisait. J'avais pensé revendre cette fichue exploitation. Mais trouver un bon acheteur, c'était pas coton.

Dans les journaux, j'avais repéré une banque, la BPC, qui cherchait des agents et même pour des gros postes, des responsables . Ça semblait florissant comme établissement, des succursales un peu partout en province et un siège , à Paris.

Je les ai contactés et j'ai parlé de la direction, au Havre. En avril, nous étions en discussion pour pourvoir le poste de Directeur du Havre et même de Cherbourg et sans doute administrateur au C.A. de Paris. Il fallait amorcer la candidature avec un apport de 100 000 francs.

Je ne les avais pas, bien sûr. Rien ou presque rien, à ce moment là. Et comme il était primordial de faire dans la discrétion, je ne pouvais solliciter mon entourage.

En réfléchissant, pour aboutir à réunir la somme rapidement, j'ai pensé que je devais demander à Pouliquen de me rembourser partiellement ce que je lui avais avancé pour qu'il acquiert son étude. Je ferai semblant de solliciter ma banque, qui, je le savais, refuserait de me consentir un prêt. Et puis , il y avait les dollars de Seznec. J'avais entendu parler de 2000-3000. Mais comment intéresser le Guillaume à cette affaire. Ne rien lui dire du pourquoi ? Impossible.

Là, en voyant une annonce dans un journal, j'ai eu l'idée du marché de voitures d'occasion. Guillaume Seznec était fou de ces marchés. Il n'arrêtais pas, depuis la fin de la guerre, d'acheter, revendre des automobiles, surtout des vieilles américaines des stocks. Si je lui proposais une affaire de côté-là, j'étais sûr qu'il allait s'emballer. J'ai commencé à lui en parler, à mots couverts, des soi-disant lettres de la Chambre de commerce des États-Unis que je me faisais adresser chez lui...  Et pourtant, il était méfiant, mais là, les voitures...Ça a pris et même que je me suis servi de cette histoire pour ma banque et aussi devant deux ou trois personnes. J'ai raconté la même chose pour que ça ait de la consistance. Avec quelques lettres chez des garagistes et d'autres leurres.

A la mi-mai, la BPC m'a donné rendez-vous à Paris, pour le 26. Je devais apporter les 100 000 francs.

Aussitôt, j'ai activé mon plan. Je raconte à Seznec qu'on doit aller vendre la première Cadillac, la sienne, le 26 mai à Paris. Et, qu'en garantie pour les dollars, je lui donnerai une promesse de vente de Traou Nez. Il avait, en effet, l'espérance de pouvoir l'acheter un jour. Je l’emmène même à Lesneven, pour qu'il me voit signer une option sur une autre Cadillac.

 

Dans ma tête, je me disais qu'il y aurait bien une solution pour après, du genre « ah, oui, les Cadillac ? Et bien, ça n'avance pas » et finalement « Ben non, ça ne s'est pas fait » « Tes dollars ? T'inquiète pas, y a la garantie de Traou Nez. Je te ferai avoir un prêt, pour le complément »

 

Il devait me rejoindre à Rennes le 24. Au matin, je devais y retrouver Besseyre des Horts pour qu'il me donne les dernières instructions pour Le Havre. Mais, comme nous avions manqué notre rendez-vous, j'ai téléphoné à Paris pour leur confirmer ma venue puisque j'arrivai avec les 100 000 francs. Mais je n'avais pas encore le détail pour les dollars. Ils m'ont dit que je pouvais les rappeler jusque tard dans la soirée.

 

Quand Seznec arrive, on compte les dollars. Il y en avait pour 2020. En pièce d'or de 10 et de 20. Aussitôt, j'ai rappelé Paris. Après quelques paroles de courtoisie, le secrétaire, Descrimon, m'a conseillé de faire faire le chèque de 60 000 francs sur la Société Générale. Ce serait plus simple pour le toucher en liquide, à la succursale B, juste en face de la poste du Bd Malseherbes.

Et comme Pouliquen ne semblait pas chez lui, je lui ai envoyé un télégramme .

 

Ce que fut le voyage , le lendemain, je ne vous le dis pas.

Panne sur panne, crevaison sur crevaison, et Seznec qui devient de plus en plus sombre. Alors que moi, je vois enfin la fin de l'impasse...

Le soir, je me rend compte qu'avec cette fichue guimbarde qui n'avance pas, je risque de ne pas être à Paris le lendemain à huit heures. Et Seznec me pèse de plus en plus. Je m'arrête devant une gare, je ne sais plus la quelle. Et après avoir conseillé à Seznec de repartir sur Morlaix, je saute dans le dernier train.

A Paris, tout se passe bien, sauf que je n'ai pas reçu le chèque de Pouliquen...

Vacquié me dit que cela peut attendre lundi ou mardi . Il m'assure qu'il me gardera la place.et me donne un reçu pour ce que j'ai déjà versé.

A la poste, l'après-midi, il n'y a toujours rien. J'aurai bien téléphoné à cet imbécile de Pouliquen, mais comme il y a moins d'urgence, et que je reviendrai lundi . Parce qu'il faut que j'aille au mariage de ma nièce , Perrine Justin. Et c'est dimanche, à midi, le mariage, pas la noce. Bon. Je vais prendre un train de nuit.

En attendant, je traîne. Je tombe sur une ou deux personnes que je connais, ce vieux croûton de libraire et ce poisseux de Le Her, que j'avais rencontré quelquefois, sur des marchés.

 

Je suis arrivé assez tôt à Morlaix.

Oui, Morlaix.

Parce qu'il fallait que je m'y arrête à Morlaix.

Vous comprenez.

Marie Jeanne

 

-Quoi, Marie Jeanne ? Encore Marie Jeanne !! C'est qui cette Marie Jeanne. Bon dieu, ça vous ferait rien de m'expliquer. !!!

Bon dieu de bon dieu. On va pas y passer la nuit !!!

 

Vous commencez à me les gonfler, avec votre crapulerie à la mord moi le nœud .

C'est que j'ai bien d'autres pèlerins à faire rentrer ici. Et à chaque fois, écouter leurs niaiseries !!!

 

-Marie Jeanne, c'est la celle que j'aime, le seule que j'ai jamais aimée !!!

 

-Ah bon ! A ton âge !?!? Te v'l'a donc comme un jeunot ??? Et pourquoi pas puceau, tant qu'on y est !!! Mais ça va pas , non !!!

 

-Si. Si . Je vous jure, cette fois là, je me suis décidé, je vais tout lui dire

Que je l'aime

Que je vais avoir une très belle situation, dans la banque

Que je leur ai presque vendu Traou Nez

Que je...

 

- Non !!! Ça suffit !!!

Et retourne à la fin de la queue , Queumeuneu de mes deux !!!

Ça te donnera le temps de réfléchir !

Quand je t’appellerai à nouveau, j'espère que tu te souviendras qu'il te faut un peu plus que 100 000 balles pour que je t'ouvre la porte

Et surtout, fini le baratin !!!

 

AU SUIVANT !!!!

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commentaires

L
"Pour Guillaume, la tournure qu’ont pris les événement est source d’anxiété. <br /> Toute cette affaire c’est pour l’amour de Marie-Jeanne qu’il l’avait montée. Il voulait la rendre riche, insouciante, heureuse… <br /> Non seulement l’affaire en or se volatilise , mais Pierre peut, en plus, lui réclamer les 15000 francs qu’il lui a prêtés puisque la voiture qu’il lui a laissée en gage est hors d’usage. <br /> Guillaume n’a pas aimé cette excitation de Pierre, cette urgence à récupérer des fonds cette insistance à leur vendre Traou-Nez à un prix bradé. Et si Pierre faisait tout cela pour éblouir Marie Jeanne ? Il sait la faire rire, elle, si déprimée depuis quelques temps. Il a su la persuader d’acheter Traou-nez où, grâce au prix qu’il leur a consenti, elle pourrait mener une vie de châtelaine. <br /> Par ailleurs Pierre prétend vouloir se consacrer à cette vente de Cadillac. Mais depuis quelques temps Guillaume se demande s’il ne s’agit pas d’ un plan B. Il sait que son ami a l’ambition de devenir directeur de banque. Pour cela aussi il lui faut des fonds. Il leur vend Traou-Nez pour 100 000F. Juste la somme exigée pour ses prétentions à diriger la banque auprès de laquelle il a déjà postulé. " forum JAC Juin 2015.<br /> Je suis evidemment d'accord avec vous et ce n'est pas d'hier!
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